PAR DARRYL SIMMONS, ÉDITEUR
La réalité d’aujourd’hui est façonnée par la technologie. Avec les estimations à distance et les logiciels d’évaluation alimentés par l’IA, bon nombre des échanges traditionnels ne se font plus en personne.
C’est une nouvelle ère pour l’industrie canadienne de la carrosserie, une ère offrant plus de voies de croissance que jamais aux propriétaires d’ateliers. Le modèle classique – ouvrir un atelier et bâtir une clientèle fidèle grâce à un leadership pratique–reste pertinent. Mais on arrive à un tournant. Les dynamiques ont changé. Pour ceux qui gèrent déjà un atelier de façon rentable et efficace, la vraie question devient : pourquoi s’arrêter là?
L’environnement d’affaires actuel rend la possession de plusieurs ateliers non seulement possible, mais logique. Les structures de gestion et les processus de réparation ont été perfectionnés à un tel point qu’agrandir ne veut pas nécessairement dire doubler le stress. Vous élargissez essentiellement la surface de votre atelier–mais en utilisant les mêmes systèmes, la même infrastructure et les mêmes modèles de gestion déjà éprouvés.
Les réseaux de franchises et de bannières ont fortement contribué à ce changement. Avec leurs procédures bien établies, leur soutien centralisé et leurs relations avec les fournisseurs, ils rendent la croissance plus naturelle que risquée. Entre de bonnes mains et avec les bons systèmes en place, gérer deux ou trois ateliers peut être tout aussi simple–voire plus rentable–que d’en diriger un seul.
Un autre moteur de cette évolution est le changement du profil des propriétaires d’ateliers. On n’est plus à l’époque où le propriétaire typique était celui qui avait gravi les échelons de balayeur à débosseleur, pour ensuite gérer toute l’entreprise.
On voit de plus en plus de propriétaires de deuxième et troisième générations, avec des formations en finances, gestion, opérations ou marketing. Ils n’ont peut-être jamais manié une clé, mais ils savent faire des profits.
En parallèle, les investisseurs privés s’intéressent de plus en plus au secteur. Des groupes se forment, des acquisitions s’enchaînent, des portefeuilles se bâtissent. L’idée est simple : un atelier bien géré, bien équipé et doté d’un bon personnel représente un investissement à long terme solide. Ce flot de capitaux accélère les choses pour ceux qui ont déjà fait leurs preuves. Bien sûr, tout le monde ne voit pas ces changements d’un bon oeil. Il y a un charme certain au modèle ancien, où le proprio connaissait chaque client par son prénom et pouvait guider un expert en sinistre à travers le plan de réparation. Ce modèle inspirait la confiance et favorisait un leadership direct. Mais il se fait rare.
Aujourd’hui, la technologie est au coeur de tout. Avec les évaluations à distance et les logiciels d’estimation IA, les discussions traditionnelles se font souvent par écrans interposés. Les fournisseurs tiers s’appuient sur des outils d’imagerie et des bases de données pour guider le processus. Cela rend le tout plus fluide, mais ça exige un nouveau type de compétences–moins techniques, plus managériales.
S’ajoutent à cela des défis bien réels : pressions réglementaires pour la durabilité, complexité croissante des réparations et difficultés à recruter des techniciens qualifiés, alors que les baby- boomers partent à la retraite. Le secteur en a plein les bras, mais il s’adapte – comme toujours. C’est ça qui rend l’industrie canadienne de la carrosserie si remarquable. Face aux défis, on ne fait pas que réagir–on innove, on se réorganise, on avance. Ce n’est jamais simple, ni rapide. Mais notre industrie n’a jamais reculé devant le travail, ni manqué de créativité.
Alors si vous êtes un propriétaire qui a su bâtir quelque chose de solide, peut-être qu’il est temps d’envisager l’étape suivante. La croissance, ce n’est plus réservé aux géants–elle est à la portée de tous ceux qui savent diriger avec intégrité, efficacité et vision.
Passez un bel été. Et profitez-en pour miser sur quelques étudiants. Ils pourraient bien représenter l’avenir de votre prochain atelier.
